Qui était Hubert Sarton ?

Hubert Sarton, ou comment un Liégeois passionné a révolutionné l'horlogerie

1748 – Naissance

La marque d’une révolution horlogère

Dans l'effervescence de Liège au XVIIIe siècle, une figure se distingue dès son plus jeune âge par son génie mécanique : Hubert Sarton. Né en 1748, il grandit dans une ville animée par l'innovation et la tradition horlogère. C'est dans cet environnement riche et stimulant que le jeune Sarton développe une fascination pour les rouages du temps.

1762 – Débuts horlogers et Paris

Un Apprentissage Précoce

Sous l'aile protectrice de son oncle, Dieudonné Sarton, Hubert plonge dans l'univers de l'horlogerie dès 1762, absorbant les principes de précision et d'élégance qui gouvernent cet art. Son talent précoce le conduit à Paris, le centre névralgique de l'horlogerie de luxe, où il affûte son savoir-faire sous la guidance de Pierre Le Roy, fils de Julien Le Roy – célèbre horloger du Roi Louis XIV. C'est dans cette capitale de l'horlogerie qu'il obtient le titre de maître-horloger, une reconnaissance qui scelle son destin.

1772 – Retour à Liège

Le Retour aux Origines et Innovations Majeures

En 1772, muni de son titre et d'une ambition dévorante, Sarton retourne à Liège. Là, il s'établit comme une figure centrale de l'horlogerie, devenant l'horloger du duc Charles-Alexandre de Lorraine et le mécanicien-horloger de la cour du prince-évêque François Charles de Velbrück. Ce dernier, en plus d'être son mécène, devient son fervent supporteur, lui permettant d'expérimenter et d'innover.

1778 – La Montre automatique

Une Révolution Horlogère

Tout juste trentenaire, il invente une montre capable de se remonter simplement par le mouvement naturel reçu lorsqu’elle est portée. Cette innovation, appelée aujourd’hui rotor automatique, est le fondement des mouvements automatiques d’aujourd’hui.

Le 23 décembre 1778 marque ainsi une date pivot dans l'histoire de l'horlogerie : Hubert Sarton présente à l'Académie française des sciences son invention. Bien que l'attribution de cette invention ait été attribuée par erreur à Abraham Louis Perrelet, elle est bien l’œuvre d’Hubert Sarton qui pose les fondements de ce qui deviendra un standard horloger.

Sa montre a dès son invention marqué les esprits par ce système ingénieux de remontage automatique utilisant ce que l’on appelle en horlogerie la roue de rencontre et qui a permis à la montre de remonter son ressort tout en continuant de fonctionner. Mariant ce mécanisme révolutionnaire aux montres classiques de l’époque, elle intégrait donc cette nouvelle technologie tout en conservant le mécanisme de remontage classique, avec fusée et barillet.

1794 – La Pendule à 6 cadrans

L'heure astronomique et le patrimoine Liégeois

Une autre œuvre majeure d’Hubert Sarton est la pendule astronomique à 6 cadrans, aujourd’hui une des pièces maitresse du musée Grand Curtius à Liège. Cette pendule a fait partie intégrante de l’exposition à Bruxelles à l’occasion des 175 ans de la Belgique. L’exposition de 2003 « Liège remet les pendules à l’heure » a permis de montrer l’ampleur du patrimoine horloger liégeois et l’importante contribution d’Hubert Sarton. C’est précisément une des pendules exposées en 2003 qui a inspiré le design de la montre commémorative « Sarton1748 ».

Un Esprit Universel

Sarton n’était pas seulement un horloger mais un inventeur aux intérêts vastes. Il rédige des traités sur la mécanique liée à l’extraction du charbon et au drainage des polders, étendant son expertise bien au-delà des seules montres et horloges.

Il ne cessa ainsi d’inventer de nouvelles machines et méthodes pour améliorer les processus industriels de l’époque, quel que soit le milieu. Il aura ainsi notamment inventé au cours de sa vie une machine à extraire la houille utilisée jusqu’au début de la deuxième guerre mondiale. Actif sur tous les fronts, il est chargé par le prince-évêque François Charles de Velbrück de créer la société d’Emulation. Société qui permis pendant des dizaines d’années le partage des connaissances.

1828 – Mort

Le Patriarche d'une Dynastie Horlogère

Père de neuf enfants, Sarton voit trois de ses fils suivre ses traces dans l'horlogerie. Sa fille, Marie-Barbe, donne naissance à André Hubert Dumont, qui deviendra lui aussi un liégeois de renom mais en tant que géologue. Ainsi, la semence de son intelligence et de sa créativité continue de fleurir bien après sa mort en 1828.

Un héritage impérissable

Sarton laisse derrière lui un héritage riche : une lignée d'horlogers et d'intellectuels qui perpétuent sa quête de perfection. Liège, et le monde de l'horlogerie en général, se souviennent de lui comme d'un pionnier, un maître de l'innovation et un artisan du temps.

Hubert Sarton, de son vivant, a été bien plus qu'un horloger ; il a été un visionnaire qui a façonné le cours de l'histoire horlogère. Son nom, gravé dans le cœur de chaque montre « Sarton 1748 », continue d'inspirer et de captiver. À travers les répercussions actuelles de sa création dans les montres automatiques, c'est l'esprit de Sarton qui perdure, témoin immuable d'une époque révolue mais jamais oubliée.